jeudi 28 juin 2012

Les lunettes Google se vendront 1500$

Les lunettes Google se vendront 1500$

Agence France-Presse (San Francisco)
28 juin 2012 | 06 h 59
Sergey Brin... (Photo Kimihiro Hoshino, AFP)
Sergey Brin - Photo Kimihiro Hoshino, AFP

Google a présenté mercredi à San Francisco la première génération d'une paire de lunettes futuristes avec caméra et internet intégrés, dont la commercialisation auprès du grand public est prévue dans un peu plus de deux ans.

Le co-fondateur de Google, Sergey Brin, a détaillé le plan de lancement de ces lunettes devant des développeurs -- les créateurs d'applications pour appareils informatiques -- réunis en conférence annuelle à San Francisco.

Des parachutistes ont fait la démonstration du nouveau produit en filmant et diffusant en direct, avec leurs lunettes, leur vol puis leur atterrissage sur le toit du Centre de Convention de San Francisco.

«Je suis tellement heureux que cela ait marché. Je ne m'y attendais pas», a déclaré M. Brin avant de présenter sur scène un exemplaire «Explorer» des Google Glass, que les développeurs peuvent acheter pour 1500$.

Ce modèle de première génération sera disponible début 2013, avant la commercialisation, un an plus tard, d'une version pour le grand public.

«Google Glass Explorer est encore une ébauche», a précisé M. Brin. Elle est destinée aux passionnés qui veulent participer aux balbutiements d'une nouvelle technologie, a-t-il dit.

«C'est une nouvelle technologie et nous voulons vraiment que vous y preniez part», a-t-il lancé aux développeurs.

Les Google Glass sont équipées d'une caméra intégrée, d'un micro et peuvent se connecter à l'internet par wifi ou par Bluetooth. Des mini-écrans sur les verres permettent d'afficher des textos ou des courriels.

«C'est ce genre d'idée folle qui finit par devenir réelle», a affirmé M. Brin. «Le fait de pouvoir vous jeter dans le vide tout en faisant partager votre expérience (avec des lunettes posées sur le nez) rend l'usage d'un smartphone ou d'un ordinateur portable vraiment bizarre», a-t-il ajouté.

Le co-fondateur de Google a précisé qu'il portait un prototype des Google Glass la plupart du temps, alors que l'équipe qu'il dirige au sein du groupe, le X Lab, peaufine cette nouvelle technologie.

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(http://techno.lapresse.ca/nouvelles/produits-electroniques/201206/27/01-4538892-les-lunettes-google-se-vendront-1500.php)


mercredi 27 juin 2012

J.F Bernardini, leader d'I Muvrini : "On a fonctionné comme un service public"


J.F Bernardini, leader d'I Muvrini : "On a fonctionné comme un service public"

le Mercredi 27 Juin 2012 à 05:40

Jean-François Bernardini est le fondateur d'I Muvrini, groupe de polyphonies Corses. Ils ont à leur actif plusieurs disques d'or, deux victoires de la musique. Ils ont rempli l'Olympia, le Zénith mais aussi Bercy. Les polyphonies corses sont maintenant connues du monde entier. Pour n'en citer qu'un seul : ils ont fait des duos avec Sting !

Jean-François Bernardini n'a pas toutjours un doigt dans l'oreille © /I Muvrini
Pour ceux qui ne le visualisent pas, Jean-François Bernardini est le chanteur qui chante toujours avec un doigt dans l'oreille. Je vous le présente ainsi, car le groupe dont il est le leader est plus célèbre que lui. Un peu comme les Platters, ou les Gipsy Kings.
La création de son groupe est une histoire de famille. Les polyphonies, il les a entendues chez lui, à la maison, car son père chantait avec les vieux du village, avant de s'y mettre lui même.

Ce qui est étonnant : les polyphonies c'était un truc d'anciens, et habituellement, les jeunes se construisent contre la musique des parents.

On a peine à imaginer quand dans les années 70, parler corse était interdit en classe. Jean-François Bernardini a connu ça.
Le dernier album d'I Muvrini © Columbia
Le groupe sort aujourd'hui son 15e album, Imagina chez Columbia.

  (http://www.franceinfo.fr/entretiens/tout-et-son-contraire/j-f-bernardini-leader-d-i-muvrini-on-a-fonctionne-comme-un-service-public-658363-2012-0)

mardi 26 juin 2012

"C'est l'ouverture qui permet à l'entreprise de s'inspirer et d'innover"

"C'est l'ouverture qui permet à l'entreprise de s'inspirer et d'innover"

Par L'Atelier - Paris 26 juin 2012 Laisser un commentaire
Collaboration

Une entreprise a tout intérêt à ne pas rester secrète, mais à soumettre ses idées ou ses problèmes. Pourquoi ? Pour trouver une solution, gagner en efficacité, et fidéliser ses clients.

Entretien avec Bertrand Dussauge, fondateur de KDB Partners, à l'occasion de l'Université du SI (USI) qui s'est déroulée du 25 au 26 juin 2012 à Paris.

L'Atelier : Pour quelles raisons une entreprise doit-elle collaborer de manière ouverte ?

Bertrand Dussauge : D'abord, une meilleure capacité à solutionner un problème du fait du nombre de personnes qui y réfléchissent, des idées qui en ressortent. Les grosses entreprises deviennent des paquebots dans lesquels personne ne se parle. C'est ce que j'ai montré en concluant qu'il fallait épaissir la ligne de Mondrian pour avoir une idée car c'est l'ouverture qui permet à l'entreprise d'innover, de s'inspirer. Il n'y a qu'à voir le succès de SAP qui a créé un réseau centré sur des milliers de personnes. Ils ont ensuite publié une étude montrant que lorsqu'ils soumettaient un problème sur ce réseau, il était réglé en vingt minutes, contre deux jours s'il n'était posé qu'en interne. Cela permet donc de gagner en efficacité. Si nous sommes 20 personnes aux intérêts identiques à lire 20 articles et à n'en choisir qu'un, une personne en lit finalement 40 au lieu de 400. Ce qui permet de faire une veille plus intelligente, mieux filtrée. Et puis, les entreprises qui ne se ferment pas gagnent en authenticité.

Donc cela leur permet d'améliorer leur image...

Oui, mais pas seulement. Quand une banque comme BNP Paribas ouvre un blog ou un SAV Tweets ou que la SNCF ouvre la discussion avec les usagers en sachant que l'on parlera du retard des trains, qu'ils affichent publiquement les problèmes, ils s'engagent à les résoudre. De ce fait, ces entreprises augmentent leur capital sympathie et gagnent en authenticité. Ce qui permet au client de voir qu'elles font des efforts, et de pardonner plus facilement ces problèmes. Ce qui augmente l'engagement et la fidélité des clients. Qui plus est, discuter avec ses clients actuels ou potentiels, c'est bénéficier d'une étude de marché en temps réel. Car si une entreprise parvient à fidéliser une audience captive qui s'intéresse à leurs produits, ils obtiennent un thermomètre de la qualité de leurs opérations, ce qui favorise également la R&D, l'innovation et l'adaptation au client.

Cela est-il compatible avec la culture française, plutôt fermée ?

Les Français ne sont pas des early adopters, la tradition est le secret. Et certains secteurs, comme la finance, n'ont pas encore d'exemple et craignent d'être confrontés à des résultats plus négatifs que positifs. Deux choses font bouger les entreprises : la loi et la concurrence. Il y a déjà des entreprises qui commencent à s'ouvrir, mais je pense que dans les années à venir, à peine 10% des patrons quadragénaires et plus y viendront, en rebondissant sur des exemples, guère plus. L'ouverture viendra plutôt de la jeune génération, qui a une autre mentalité, et qui fera des entreprises plus transparentes. C'est le cas de l'entreprise Archiduchesse qui, sur son blog, n'hésite pas à parler de ses problèmes de livraisons ou à soumettre d'abord les modèles de chaussettes qu'elle envisage de commercialiser.

mercredi 6 juin 2012

Le bébé a du génie


Le bébé a du génie

Jean-François Marmion
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Dans le sillage de Jean Piaget, le développement de l’intelligence fut longtemps décrit comme une succession de paliers distincts menant à la maîtrise du raisonnement logique. Mais à la fin du XXe siècle, cette conception fut ébranlée par des méthodes d’observation inédites, de même que par de nouvelles conceptions, moins restrictives, de ce qu’est l’intelligence même.
La conception longtemps dominante de l’intelligence fut un modèle dit en escalier, sérieusement malmené durant ces vingt dernières années. Mais si l’intelligence n’est plus dans l’escalier, où se cache-t-elle ? Pour certains, dans les vagues qui se chevauchent les unes les autres… Tâchons d’y voir plus clair.
Au début des années 1990, beaucoup ne jurent que par le modèle de développement de l’intelligence conçu par l’épistémologue et biologiste Jean Piaget (1896-1980), faisant autorité en psychologie du développement. Selon cette perspective, l’intelligence se développe comme une succession de stades, de paliers : chacun intègre et surpasse le précédent, constituant une nouvelle structuration du raisonnement et facilitant l’adaptation de l’enfant à son environnement. Dès que le bébé parvient à coordonner ses mouvements pour s’emparer de ce qui frappe son œil, le processus est engagé. Jusqu’à ses 2 ans, le stade sensori-moteur le voit partir à la conquête du monde physique. L’intelligence est pratique. Ensuite, jusqu’à 7 ans, il apprend à faire semblant, à imaginer ou évoquer autre chose que ce qu’il a sous les yeux : c’est le stade préopératoire, qui voit émerger fonction symbolique et langage. Entre 7 et 12 ans vient le stade des opérations concrètes (le raisonnement demeurant tributaire de supports dans l’environnement immédiat), suivi, jusqu’à la fin de l’adolescence, du stade des opérations formelles (où éclôt le raisonnement logique, rendant possible la manipulation d’abstractions). Des premières activités motrices de la petite enfance à la pensée abstraite, l’enfant enrichit ainsi ses connaissances sur le monde en structurant sa pensée, selon des étapes qui se succèdent dans un ordre bien défini.

La synthèse entre Piaget et la psychologie cognitive

Mais à la fin du XXe siècle, les résultats de méthodes expérimentales inusitées du temps de Piaget jettent le doute sur des éléments majeurs de ce modèle en escalier. On découvre d’abord que les bébés se révèlent capables d’opérer des distinctions entre des stimuli visuels, et d’en préférer certains. Donc de les classer, de les hiérarchiser, à l’opposé d’une immersion hallucinatoire. D’autres expériences indiquent que si l’on remplace les austères cubes ou jetons des observations piagétiennes par des poupées ou des bonbons, les enfants se sentent plus motivés et présentent certaines compétences, comme la notion du nombre, parfois des années plus tôt que Piaget le soupçonnait. Par exemple, dès 4 mois, un bébé comprend qu’un objet continue d’exister hors de son champ de vision (Piaget situait cette conscience de la « permanence de l’objet » beaucoup plus tard). En un mot, le nourrisson est un infatigable explorateur, un insatiable curieux qui procède à des calculs élémentaires, imite à sa manière quasi imperceptible des comportements d’adultes, est doté d’une certaine notion du temps et de l’espace, se montre surpris par des situations semblant transgresser les lois de la physique (comme lorsqu’un objet reste suspendu dans les airs au lieu de tomber), fait parfaitement la distinction entre soi et les autres…, autant de compétences (le prématuré en manifeste certaines) présentes avant même de savoir marcher, ou ne serait-ce que de saisir des objets. En d’autres termes, avant d’agir sur son environnement, pourtant moment clé retenu par Piaget comme prologue au développement de l’intelligence.
Prenant acte des insuffisances du modèle en escalier, des « néopiagétiens » comme Robbie Case tentent une synthèse entre Piaget et la psychologie cognitive. Il s’agit moins, désormais, d’étudier le développement de la pensée logique que d’analyser, de façon fonctionnelle, des aptitudes et processus très spécifiques en relation, par exemple, avec le développement de la mémoire de travail ou de l’attention. S’il s’avère possible de proposer des stades pour l’apprentissage de la lecture, la maîtrise du dessin ou de la temporalité, il apparaît de plus en plus difficile de les insérer dans les stades généraux théorisés par Piaget.
Dès les années 1980, de nouveaux modèles dynamiques de l’intelligence contestent l’existence même de stades distincts. Pour Robert Siegler, par exemple, l’intelligence suit non une succession de paliers, mais une progression graduelle. Plutôt que de tâtonner vers l’efficacité, l’enfant peut mettre en œuvre plusieurs stratégies pour résoudre un problème. Trouver la meilleure ne le dispensera pas forcément, la fois suivante, de revenir à une autre plus ancienne qu’il sait pourtant inefficiente, ou de se risquer à une réponse inédite et créative plutôt qu’épouser une routine. Il peut se sentir à l’aise dans un domaine, moins dans un autre, tout cela de manière irrégulière, imprévisible, en s’adaptant ou en s’amusant : c’est pour illustrer cette disparité, cette sinuosité, cette compétition entre modes de pensée, que Siegler parle de compétences analogues à des vagues qui se chevauchent. Olivier Houdé, lui, met l’accent sur l’inhibition, un aspect négligé par Piaget : pour être intelligent, il ne suffit pas de savoir mettre en œuvre une compétence adaptée à la situation présente, encore faut-il la sélectionner, et donc réprimer les stratégies inappropriées, s’abstenir à bon escient. L’intelligence, c’est être capable de faire, mais aussi de ne pas faire !

Inné/acquis : une opposition vaine

Depuis quelques années, de nombreux psychologues prennent donc une distance plus ou moins radicale avec la théorie piagétienne, d’autant que la notion même d’intelligence n’a jamais été aussi fluctuante (encadrés ci-dessous). Tous cependant sont redevables à Piaget au moins sur deux points. D’abord, il fut le premier à étudier aussi scrupuleusement l’intelligence de l’enfant, y compris du très jeune considéré jusqu’alors comme un être inerte, vide, à peine éloigné du tube digestif, le disputant autant à l’animal qu’au végétatif. Ensuite, son approche constructiviste fit voler en éclats la sempiternelle dichotomie inné/acquis. Auparavant, d’un côté figuraient les béhavioristes prônant que l’esprit, à la naissance, était une table rase sur laquelle les stimuli de l’environnement n’avaient qu’à s’inscrire (donc, tout pouvait s’acquérir). De l’autre, les innéistes considéraient que nous naissions dotés d’une certaine dose d’intelligence. Or, pour Piaget, c’est par une interaction constante entre l’enfant et l’environnement que se construit l’intelligence : les structures de pensée du sujet lui permettent de s’adapter au monde extérieur (par assimilation), ou doivent s’ajuster (par accommodation) en cas de situation nouvelle et problématique. Dans ce cas, où s’arrête l’inné, où commence l’acquis ? Certes, une nouvelle forme d’innéisme, le nativisme, se diffuse au début des années 1990 dans une France longtemps réticente : dans cette perspective, nous sommes tous dotés des mêmes capacités à la naissance, quel que soit notre milieu. Mais l’essor des neurosciences permet, dix ans plus tard, un retour de balancier vers Piaget : des psychologues comme Annette Karmiloff-Smith parlent par exemple de neuroconstructivisme pour qualifier les va-et-vient permanents entre les opportunités offertes par le contexte, et le développement d’un cerveau dont on a depuis peu découvert la plasticité. Grâce à son équipement cérébral, l’enfant est capable de certaines acquisitions pourvu que les diverses situations rencontrées le permettent. Sinon, ses compétences peuvent rester inexploitées. En retour, ses actes, ses pensées, ses émotions remodèlent en partie son cerveau. C’est un cercle vertueux.
Le plus souvent, il est aujourd’hui considéré comme vain d’opposer inné et acquis. Et chacun s’accorde désormais à saluer en l’enfant un être s’imposant comme acteur privilégié de ses apprentissages et connaissances : les vraies victoires de Piaget sont bien là.

Sciences Humaines a publié

• « À quoi pensent les enfants ? »
N° 219, octobre 2010.
• L’Intelligence de l’enfant. Le regard des psychologues
Martine Fournier et Roger Lécuyer, éd. Sciences Humaines, 2006..
• « L’enfant et ses intelligences »
N° 164, octobre 2005.
• « L’enfant. De la psychologie à l’éducation »
N° 120, octobre 2001.
• « Inné/acquis, le grand débat »
N° 54, octobre 1995.

De l'intelligence aux intelligences


◊ Tu es, donc je pense : quand l’autre et la culture structurent la pensée

Jean Piaget, comme le lui avait reproché Henri Wallon, ne s’est pas intéressé aux interactions sociales de l’enfant dans le développement de son intelligence. Alors que Lev Vygotsky, psychologue russe mort en 1934 mais récemment découvert, s’était attaché à montrer le rôle structurant de l’adulte, du langage, de la culture, pour le développement de l’intelligence. Un courant environnementaliste entend intégrer cette dimension sociale à l’étude des apprentissages : Willem Doise, Gabriel Mugny et Anne-Nelly Perret-Clermont montrent ainsi l’importance des « conflits sociocognitifs » où l’enfant doit discuter, expérimenter, être guidé ou se tromper avec d’autres pour évoluer plus rapidement. Jerome Bruner, lui, est l’initiateur de la psychologie culturelle, qui prend son essor dans les années 1990 et considère qu’au-delà de l’environnement familial, amical ou scolaire, la culture dans son ensemble participe très largement au développement cognitif.


◊ Des animaux de plus en plus intelligents !

Des oiseaux qui jouent, des poissons qui déduisent, des dauphins qui se reconnaissent dans un miroir, des grands primates présentant des rudiments de langage symbolique et parvenant à adopter le point de vue d’un autre… Un nombre croissant de recherches indiquent que beaucoup d’animaux, à des degrés divers, manifestent une forme d’intelligence, adaptée à leur milieu, aux exigences de leur vie en groupe et de leur survie même. Quitte à nous infliger une blessure narcissique, nous n’avons pas le monopole de l’intelligence, contrairement à ce que nous avons toujours cru. La question de savoir si nous avons celui de la bêtise reste en suspens…


◊ Les intelligences multiples

La notion d’intelligence vue par Jean Piaget regroupait grosso modo les compétences scolaires telles qu’elles peuvent être mesurées par le QI. Dès 1983, le psychologue américain Howard Gardner propose de prendre en compte l’intelligence langagière et logico-mathématique mais aussi l’intelligence spatiale, musicale, kinesthésique, la capacité à s’adapter aux autres, ou à son environnement… Cette notion d’« intelligences multiples » (qui ne peuvent se mesurer et dont la liste peut s’allonger sans fin) emporte aujourd’hui encore un grand succès.

Dans les années 1990, Robert Sternberg, de son côté, a promu un modèle triarchique de l’intelligence, moins connu, mais plus ouvert à l’expérimentation : nous aurions trois intelligences, une sociale, une émotionnelle, et même une pratique, permettant de faire face aux problèmes quotidiens.


◊ Raison et émotion ne s’opposent pas

Parmi les intelligences multiples théorisées par Howard Gardner figure l’intelligence émotionnelle, reprise et approfondie avec succès à partir de 1997 par Daniel Goleman : ici point de logique, mais la capacité de reconnaître ses émotions et celles des autres, et d’agir en conséquence. Voilà qui est d’autant plus dans l’air du temps qu’en 1994, Antonio Damasio a lâché une véritable bombe conceptuelle en démontrant qu’on ne peut être tout à fait rationnel en étant coupé de ses émotions.
Jean-François Marmion


L'intelligence n'est qu'une option


Pour Jean Piaget, le stade des opérations formelles, permettant de manipuler des abstractions, consacrait le couronnement de l’intelligence, pleinement aboutie à la fin de l’adolescence. Ce qui signifiait que l’adulte est rationnel. Voilà qui rend aujourd’hui sceptique… Les cognitivistes ont identifié une multitude de biais cognitifs (par exemple, quand nous retenons systématiquement ce qui conforte notre point de vue), qui n’ont rien de logique. Le psychologue Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel d’économie en 2002, avec son collaborateur Amos Tversky, pour ses travaux sur l’irrationalité ordinaire : nous raisonnons tous avec des heuristiques, c’est-à-dire des jugements généraux que nous ne prenons pas la peine de vérifier car nous les tenons comme généralement vrais. Ce n’est qu’en prenant conscience d’une erreur que nous mobilisons vraiment tous nos moyens intellectuels… si nous sommes motivés. Depuis quelques années, l’économie comportementale étudie ces mécanismes qui faussent en permanence notre mise en balance du pour et contre, qui découlent sur des décisions trahissant notre intérêt même, et qui font que parfois les adultes ne raisonnent pas mieux que les enfants, y compris pour des épreuves de logique supposées très élémentaires.
Jean-François Marmion
 
  (http://www.scienceshumaines.com/le-bebe-a-du-genie_fr_26594.html)
 

dimanche 3 juin 2012

AL JAZEERA TOUT PRÈS DU BUT


AL JAZEERA TOUT PRÈS DU BUT

[ACTUALITÉ] Le groupe qatarien Al Jazeera lance en France sa chaîne de sport BeIN Sport le 1er juin 2012. Cette entrée en fanfare modifie les rapports de force au sein du secteur de la télévision payante, et met à mal la diffusion gratuite.
Publié le 01/06/2012
à 15:03
Dernière mise à jour le 01/06/2012
à 15:03
L’été 2012 sera chargé en actualité pour le groupe Al Jazeera : le géant qatarien, qui a annoncé le lancement prochain d’unechaîne d’information en espagnol à destination de l’Amérique latine et des États-Unis, ouvre le 1er juin 2012 une chaîne de sport en France, BeIN Sport 1, qui sera suivie de sa petite sœur BeIN Sport 2 au mois d’août.
 
Cette version française d’Al Jazeera Sports[+], pilotée par Charles Biétry, ancien directeur des Sports de Canal+, sera proposée par abonnement sur les réseaux ADSL Bouygues, Free, SFR et Orange, sur Numericable et sur le satellite pour 11 euros par mois. Le bouquet affiche un tarif nettement inférieur à la concurrence : à titre de comparaison l’offre de Canal+, qui propose, en plus du sport, séries et cinéma, atteint presque 40 euros par mois. Ces nouvelles chaînes 100 % sport sont clairement orientées vers le football : Al Jazeera a acquis les droits du Championnat d’Europe des nations éditions 2012 et 2016, 80 % de la Ligue 1, 133 matches de Ligue des champions, la Liga espagnole, une partie de la Serie A italienne… Le groupe revendique néanmoins la diffusion de seize disciplines sportives, dont le handball, le basket et le tennis dès les Jeux olympiques de Londres qui débuteront le 27 juillet 2012.
 
Avec près de 400 millions d’euros dépensés pour ces droits de retransmission, le nouvel entrant promet de faire bouger les lignes du PAF payant : Canal+, hégémon de la diffusion du sport depuis près de trente ans, a déjà perdu, outre quelques journalistes, l’exclusivité de la Ligue 1, certaines de ses ligues phares (championnat espagnol et Ligue des champions notamment), et pourrait voir migrer près du tiers de ses abonnés qui paient uniquement pour l’offre sportive vers son nouveau concurrent. C Foot, la chaîne payante de la Ligue de football professionnel, a quant à elle mis la clé sous la porte le 31 mai, soit un mois avant l’arrêt d’un autre opérateur, Orange Sport. Du coté du gratuit, des secousses sont également à prévoir : dès la saison prochaine, TF1 ne proposera plus les matches de Ligue des champions, à l’exception de la finale, qu’elle doit diffuser par obligation légale. En alignant 25 millions d’euros, la première chaîne a en effet perdu les droits de retransmission des « affiches » de la prestigieuse coupe européenne au profit de Canal+. Al Jazeera, en déboursant près de 60 millions d’euros, a raflé le reste de la compétition. Le sport gratuit se verra également bousculé par la diffusion de l’Euro 2012 en intégralité sur BeIN Sport, contre neuf matches en clair sur TF1 et dix sur M6.
 
 
Interview de Jo-Wilfried Tsonga par Al Jazeera Sports
Al Jazeera n’en est pas à ses premiers faits d’armes dans le sport et a déjà prouvé en Afrique et au Moyen-Orient qu’il était capable d’imposer son leadership avec deux chaînes gratuites et une quinzaine de chaînes payantes. L’arrivée de BeIN Sport en France marque le début d’une stratégie de déploiement à plus grande échelle de l’opérateur qatarien. L’Hexagone constitue en effet une sorte de pays-test en Europe, avant de se lancer sur d’autres marchés, peut-être plus difficiles encore. Al Jazeera devra par exemple tenter de comprendre par quel moyen affronter le géant BskyB, détenteur de la Premier League anglaise, la plus regardée mais aussi la plus chère au monde (1,7 milliards de livres, soit 1,6 milliards d’euros pour le contrat actuel) dès cet automne lors du renouvellement des droits de la League. En Espagne, la chaîne devra également réitérer son exploit face à Canal+ pour conquérir les afficionados et composer avec la loi nationale, qui fixe un quota de diffusion de la Liga en clair.
 
Al Jazeera a également annoncé son installation outre-Atlantique. Toujours sous la bannière BeIN Sports (au pluriel cette fois), le Qatar lancera deux chaînes de football, dont une en espagnol, le 1er août 2012. Le bouquet se concentrera sur l’international, et proposera les ligues sud-américaines et européennes notamment, s’évitant ainsi une confrontation directe avec les deux géants locaux ESPN et Fox sur les sports populaires aux États-Unis : baseball, basket, football américain… Si le soccer suscite relativement peu d’enthousiasme par rapport aux sports US maison, son audience est en très forte croissance[+].
 
Le modèle économique de ces nouvelles chaînes reste la grande inconnue : à l’aune des dépenses effectuées en France et des abonnements proposés à prix cassés, le seuil de rentabilité fixé théoriquement à trois millions d’abonnés semble difficile à atteindre[+], du moins dans l’immédiat. Mais l’enjeu est certainement ailleurs : avec ses fonds quasi-illimités, Al Jazeera s’essaye, sur ces nouveaux terrains de jeu, à peaufiner son image d’acteur sérieux et incontournable de la télévision, et à fidéliser un public international à l’horizon de la Coupe du monde 2022, organisée pour la première fois par un pays arabe, le Qatar, qu’il entend bien diffuser au quatre coins de la planète.
 
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Crédits photos :
- Image principale : logo et capture d’écran site Internet beinsport.fr
- Interview de Jo-Wilfried Tsonga par Al Jazeera Sports - Bassamkaddoura / Flickr


(http://www.inaglobal.fr/television/article/al-jazeera-tout-pres-du)