Stanford : l'esprit d'entreprise cultivé en amphi
"Tu travaillerais pas sur une start-up, toi ?". La réponse a fusé, jeudi matin, en plein cours de storytelling à la d.school, l'institut du design de Stanford.
Un étudiant a profité de la projection d'une vidéo en classe pour
interpeller ses pairs sur le genre de format pubs qu'ils auraient
préféré à l'immonde bannière qui a interrompu notre visionnage. La
réplique immédiate de l'instructeur a fait rire l'assemblée et cessera
sans doute de m'émouvoir dans quelques mois.
En attendant, je reste sidérée par les encouragements méthodiques adressés par l'université à direction de ses étudiants pour se lancer dans la folle aventure de l'entrepreneuriat. C'est peut-être un des secrets du succès de la Silicon Valley et qui explique pourquoi - du Silicon Sentier au Silicon Bosphorus en passant par le Silicon Roundabout et le Silicon Wadi - il ne suffit pas d'assembler en un lieu start-ups, investisseurs et universités pour répliquer la réussite de la Valley.
Après une dizaines de jours de cours, l'incitation à entreprendre paraît même tout à fait organisée par l'université. Ici, on ne semble pas redouter un impact négatif de ces activités extra-scolaires sur les performances des étudiants. C'est au contraire, une occasion de glaner de bonnes notes !
Dans un cours intitulé pompeusement "Théorie des réseaux sociaux", qui était plutôt une discussion des pratiques communautaires des gamins qui le suivaient, l'examen final consistait à présenter un projet de réseau social économiquement viable "dans le monde réel". "Cela doit vous permettre d'en faire une start-up après le cours", a annoncé le professeur. Il propose de se poser d'emblée la question du financement - levée de fonds auprès d'investisseurs ou collecte d'argent pour les opérations à vocation non lucratives.
Dans une autre session, ouverte aux étudiants de toutes disciplines, les étudiants discutaient des participations qu'ils s'échangeaient dans leurs start-ups respectives. Ledit cours sanctionne ses élèves sur la création d'un prototype d'application mobile en fin de trimestre. Les questions des étudiants n'étaient pas ce qu'il fallait apprendre ou à quoi devait-elle ressembler pour obtenir les bonnes grâces du professeur à la notation mais plutôt "puis-je utiliser mes serveurs ?", "Stanford a-t-il des droits de propriété intellectuelle si je sors un succès de ce cours?" [cf. le contrat qui oblige Google à verser des royalties à Stanford] et "quelles sont les langages que je peux utiliser pour coder tout ça ?"
Enfin, en cours chez les économistes et futurs stars du management, les professeurs tenaient à remercier les étudiants de l'attention qu'ils dédiaient à leur cours et affirmaient "espérer leur donner le plus possible pour leur temps et leur attention". Oui, je n'ai pas halluciné, ce n'est pas le prof qui réclamait aux étudiants de se mettre à son écoute, mais le prof qui voulait être à la hauteur des aspirations professionnelles futures de sa classe ! Régulièrement, le prof sonde les participants sur leurs projets futurs ou détaille ses secrets de capital-risqueur aguerri à l'usage d'aspirants-entrepreneurs.
Ces petites anecdotes révèlent bien toute la difficulté qu'il y a à reconstituer la magie de la Valley ailleurs : elle impliquerait une refonte complète du système éducatif, non seulement dans son organisation mais aussi (et surtout) dans les personnes/mentalités qui le composent...
En attendant, je reste sidérée par les encouragements méthodiques adressés par l'université à direction de ses étudiants pour se lancer dans la folle aventure de l'entrepreneuriat. C'est peut-être un des secrets du succès de la Silicon Valley et qui explique pourquoi - du Silicon Sentier au Silicon Bosphorus en passant par le Silicon Roundabout et le Silicon Wadi - il ne suffit pas d'assembler en un lieu start-ups, investisseurs et universités pour répliquer la réussite de la Valley.
Après une dizaines de jours de cours, l'incitation à entreprendre paraît même tout à fait organisée par l'université. Ici, on ne semble pas redouter un impact négatif de ces activités extra-scolaires sur les performances des étudiants. C'est au contraire, une occasion de glaner de bonnes notes !
Dans un cours intitulé pompeusement "Théorie des réseaux sociaux", qui était plutôt une discussion des pratiques communautaires des gamins qui le suivaient, l'examen final consistait à présenter un projet de réseau social économiquement viable "dans le monde réel". "Cela doit vous permettre d'en faire une start-up après le cours", a annoncé le professeur. Il propose de se poser d'emblée la question du financement - levée de fonds auprès d'investisseurs ou collecte d'argent pour les opérations à vocation non lucratives.
Dans une autre session, ouverte aux étudiants de toutes disciplines, les étudiants discutaient des participations qu'ils s'échangeaient dans leurs start-ups respectives. Ledit cours sanctionne ses élèves sur la création d'un prototype d'application mobile en fin de trimestre. Les questions des étudiants n'étaient pas ce qu'il fallait apprendre ou à quoi devait-elle ressembler pour obtenir les bonnes grâces du professeur à la notation mais plutôt "puis-je utiliser mes serveurs ?", "Stanford a-t-il des droits de propriété intellectuelle si je sors un succès de ce cours?" [cf. le contrat qui oblige Google à verser des royalties à Stanford] et "quelles sont les langages que je peux utiliser pour coder tout ça ?"
Enfin, en cours chez les économistes et futurs stars du management, les professeurs tenaient à remercier les étudiants de l'attention qu'ils dédiaient à leur cours et affirmaient "espérer leur donner le plus possible pour leur temps et leur attention". Oui, je n'ai pas halluciné, ce n'est pas le prof qui réclamait aux étudiants de se mettre à son écoute, mais le prof qui voulait être à la hauteur des aspirations professionnelles futures de sa classe ! Régulièrement, le prof sonde les participants sur leurs projets futurs ou détaille ses secrets de capital-risqueur aguerri à l'usage d'aspirants-entrepreneurs.
Ces petites anecdotes révèlent bien toute la difficulté qu'il y a à reconstituer la magie de la Valley ailleurs : elle impliquerait une refonte complète du système éducatif, non seulement dans son organisation mais aussi (et surtout) dans les personnes/mentalités qui le composent...
Clochemerle, une spécialité française que nous envie le monde entier. C'est en tout cas ce que semble penser notre ministre de l'enseignement supérieur qui affirme que, moyennant quelques améliorations le "système France" est supérieur au "modèle anglo-saxon" tant honni par les intellectuels gaulois (voir Blog actuel du journal Le Monde, suite au dernier classement du Times Higher Education). On croit rêver
(http://blog.lefigaro.fr/medias/2012/10/stanford-esprit-entreprise-en-amphi.html?xtor=RSS-29)