12.06.2013, 06:33 - Sion Actualisé le 12.06.13, 06:35
Ski extrême: une première pour un exploit à la Dent Blanche
SKI EXTREME
Les 3 guides valaisans Olivier Roduit, Gilles Sierro et Yannick Pralong ont réalisé l'incroyable première à skis de la Dent Blanche par le couloir WSW.
Crédit: DR
Gilles Sierro, Olivier Roduit et Yannick Pralong signent la première descente du couloir sud-ouest d'un "4000" mythique.
Ils l'ont fait. Gilles Sierro, Olivier Roduit et Yannick Pralong ont accompli le week-end dernier la descente à skis de la face sud-ouest de la Dent-Blanche. Une première pour un exploit,
à revivre en images dans notre galerie photo.
"C'est la ligne la plus directe, la plus pure, la plus raide et exposée" , explique Gilles Sierro, à l'origine de cette entreprise hors du commun. "L'itinéraire est à la fois extraordinaire par sa beauté et très engagé." On le croit sur parole avec des passages où le clinomètre dépasse parfois les 60 degrés. Un champ de ski très improbable pour le commun des mortels...
Conditions réunies
Malgré une météo optimale, tout est resté très ouvert jusqu'à la dernière minute pour ces trois guides et professeurs de ski indépendants qui ont chacun signé des premières. Dans un premier temps, l'idée était de reprendre un itinéraire ouvert par le skieur de l'extrême André Anzévui dans cette même face sud-ouest. Mais grâce aux excellentes conditions d'enneigement, une autre ligne exceptionnellement praticable a été repérée, du sommet qui culmine à 4357 mètres jusqu'au glacier, 800 mètres en contrebas. Les plans changent. Opportuniste, le trio décide de s'attaquer à cette ligne non encore réalisée. Et pour cause. "Elle est restée ouverte durant quatre jours. Quelques pluies et des températures en hausse ont fait fondre la mince croûte de neige sur certaines parties du tracé aujourd'hui impraticable" , explique Gilles Sierro.
Créneau horaire vital
Une couche de neige de quelque 10 centimètres par endroits, vite verglacée ou vite instable. D'où l'importance du créneau horaire. Dans ce genre d'aventure, le bon timing est la clé de la réussite. "La ligne est très longue. Les conditions changent sans cesse. Nous avons donc dû attendre le moment idéal. C'est vital." Calcul réussi pour un rendez-vous pile à l'heure. Au sommet, la neige est très dure mais abrasive. Plus bas, la couche se détend. Les hommes aussi. Une bonne heure de ski pour quatre heures trente de montée par le même itinéraire, histoire de bien reconnaître le tracé. Une ascension "splendide" que, semble-t-il, les trois compères ont autant appréciée que la descente.
L'exploit est salué par André Anzévui qui tient aujourd'hui un bureau de freeride à Arolla. Ce guide et professeur de ski a été le premier à signer une descente à skis à la Dent-Blanche. C'était dans cette face sud-ouest en 1985. Deux ans plus tard, il réalisait l'enchaînement de cinq courses de ski extrême: les faces sud et est du Weisshorn, est et sud-ouest de la Dent-Blanche et nord du Pigne. "Gilles, Olivier et Yannick sont les références actuelles du ski extrême en Suisse. Le couloir réalisé n'est en condition que tous les quinze ans, en raison du manque de neige. Ils prouvent que l'on peut faire encore de très belles choses en Valais et dans le val d'Hérens en particulier." Quant à Gilles Sierro et ses amis, ils ont chacun de nouveaux défis en vue. Mais pas question de les dévoiler pour l'heure. Et pas forcément pour des raisons de concurrence. "J'ai dû attendre six ans pour que les conditions soient réunies afin de réaliser ma première descente à skis à la Dent-Blanche en 2011. Le plus important est donc de rester constamment à l'affût..."
Par PASCAL FAUCHERE