Smartphones: de la puissance mais pour quoi faire ?
Info rédaction, publiée le 02 décembre 2011
Depuis quelques mois, les constructeurs de smartphones intègrent le meilleur des technologies mobiles dans leurs produits. Mais cette course à la puissance est elle une nécessité face à des services toujours plus gourmands ou un argument marketing sans réel bénéfice pour les utilisateurs?
Les smartphones connaissent depuis quelques mois une augmentation progressive de leur puissance de calcul. Les constructeurs rivalisent d'ingéniosité pour intégrer à ces appareils des pièces d'une puissance qui n'aurait pas grand chose à envier à des ordinateurs classiques. On voit d'ailleurs fleurir dans les derniers modèles annoncés par Apple, Samsung ou HTC des processeurs double-cœur et des quantités de mémoire dépassant allègrement 1 Go. Mais quel est le bénéfice de cette débauche de technologie au sein des téléphones intelligents pour les clients ? Les constructeurs sont-ils obligés de faire la guerre des spécifications pour exister sur un marché hautement concurrentiel ?
Politiques des écosystèmes
Comme sur le PC, ce sont les éditeurs de systèmes d'exploitation qui mènent la danse auprès des constructeurs de smartphones. On en distingue quatre, iOS, Android, Windows Phone et Blackberry OS, qui adoptent trois politiques différentes. Celle d'Apple et de Blackberry qui ont fait le choix d'un OS fermé, réservé à ses propres terminaux et qui peut en contrôler les moindres aspects, du choix des composants à utiliser aux applications autorisées. A l'inverse, Google a fait le choix de l'ouverture avec Android. Son système est proposé gratuitement aux constructeurs, qui ont libre choix de modifier des éléments et d'ajouter des couches logicielles ou d'interface. Enfin, Microsoft adopte une position intermédiaire. Windows Phone est licencié, les constructeurs et opérateurs peuvent rajouter des éléments propriétaires mais un cahier des charges très strict est imposé sur la fiche technique minimum de l'appareil, ou le respect total de l'interface mise en place.
Ces modèles différents participent déjà à l'adoption de ces pièces toujours plus performantes. Apple ou Blackberry gèrent matériel et logiciel, dans une stratégie pyramidale. Ainsi elle décide quelles pièces seront utilisées dans ses produits, et donc peut optimiser son système iOS pour une seule configuration. Google lui développe pour plus d'une centaine de références. Le moteur de recherche doit livrer un produit qui doit fonctionner sur toutes les plateformes, en sachant qu'il sera ensuite revu en profondeur par les constructeurs.
C'est pour cela qu'un Samsung Galaxy S II obtient des benchmarks (tests de performances) sensiblement inférieurs à ceux de l'iPhone 4S qui pourtant embarque des composants moins puissants (le processeur de l'iPhone est double-cœur mais cadencé à 800 MHz contre 1,2 pour le mobile de Samsung). Les constructeurs doivent doper leurs machines plus que de raison pour tenir la route et pallier à ce manque d'optimisation. Windows Phone évite cet écueil en imposant une configuration minimum qui lui permet de développer en fonction d'un appareil de référence. On a déjà vu pareil problème sur les ordinateurs avec Windows qui adoptait la même politique d'ouverture à toute configuration et qui a posé des problèmes criants de performances, en particulier avec Windows Vista en 2008.
Se différencier dans la masse
L'argument matériel est aussi une stratégie marketing qui fait rage finalement chez les constructeurs travaillant avec Android. Beaucoup ont entendu l'argument de Google d'une plateforme complète, ouverte et gratuite et ont prospéré en suivant la voie tracée par le moteur de recherche. Seulement, tous ces mobiles doivent se livrer une bataille sans merci du fait de leur différenciation prononcée. Ces modèles proposent la même expérience Android et n'ont pas l'originalité ou la spécificité d'un iOS ou d'un Blackberry. La seule manière de créer une différenciation, là encore comme sur les PC, c'est sur le plan matériel. Et depuis des mois, les écrans sont de plus en plus grands, les processeurs de plus en plus puissants pour le bonheur des geeks, toujours désireux de posséder le téléphone le plus rapide.
Le problème d'une telle stratégie, c'est le brouillage en terme de communication. Apple lance un téléphone "premium" par an, c'est le smartphone à avoir car le dernier. Un Samsung lui propose désormais un "premium" tous les six mois. A peine le Galaxy S2 lancé que l'on annonce le Galaxy Nexus encore plus performant, qui lui même sera éclipsé par le futur Galaxy S3. Et ce constat s'applique chez les autres constructeurs. Quel choix pour le consommateur ? Attendre indéfiniment la sortie du "premium", puis se décider avant d'apprendre qu'un modèle encore meilleur arrivera dans un mois ? Les modèles haut-de-gamme ne sont plus les meilleurs du moment mais les meilleurs du mois avant le suivant.
L'utilisateur a t-il besoin d'une machine de guerre dans sa poche ?
Toutes ces considérations sont compréhensibles dans des logiques d'entreprise mais où est l'utilisateur final, celui qui paye son mobile haut-de-gamme, dans l'équation ? Le succès de l'iPhone ou de mobiles Android plus légers sur les spécifications ont montré qu'il se fiche d'avoir le meilleur mobile du monde, s'il n'a pas les services pour les utiliser, hormis un ou deux jeux qui font office de démos techniques.
Ce qui fait la différence en boutiques, c'est l'attrait pour un modèle, pour une marque. Un utilisateur voulant un iPhone repartira avec son téléphone Apple parce qu'il est séduit. Android est vu comme une solution par défaut, plus abordable et aussi complète mais n'a pas l'image de marque qui fait de l'iPhone cet immense succès. Les chiffres sont formels: 10 millions de Samsung Galaxy S2 ont été vendus en 6 mois, 4 millions d'iPhone 4S en une seule journée. Deux téléphones à puissance équivalente pourtant.
L'utilisateur attend du service, que son smartphone l'accompagne dans sa vie de tous les jours, développe ses usages. La technique ne vaut rien sans les applications. Pour s'en rendre compte, prenons un exemple dans le monde du jeu vidéo. La Nintendo DS était techniquement bien inférieure à la PSP de Sony. Pourtant ils ont vendus 150 millions de machines dans le monde contre 70 millions de Playstation. La raison est simple: les jeux étaient plus originaux, plus frais, plus novateurs que les vieilles recettes proposées sur PSP.
La technique n'est rien sans les applications
Les différentes boutiques d'applications, leur catalogue sont l'un des points d'inflexion pour qu'un client passe sur un modèle. Les constructeurs, comme l'explique Olivier Bourdeau, directeur produits Europe chez HTC: "Nous pensons que la guerre du matériel arrive à son terme, il faudra trouver d'autres choses pour se différencier, notamment au niveau des services : applications maison, contenus spécifiques. Le contenu sera le roi, pas le terminal qui deviendra à terme une simple plate-forme."
L'exemple le parlant de cette nouvelle voie à adopter pour les constructeurs est celle choisie par Nokia et son Lumia 800. Le finlandais ne livre pas le téléphone le plus puissant du marché mais le plus complet avec une vraie suite GPS et un service de streaming musical gratuit et adoptant un design sexy et agréable à l'œil. Les réactions des consommateurs, comme de la presse, sont très enthousiastes. Microsoft et Nokia incarneraient-ils aujourd'hui la nouvelle voie à suivre, celle du consommateur ?
(http://www.maxisciences.com/smartphone/smartphones-de-la-puissance-mais-pour-quoi-faire_art19153.html)
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