Tête de maures : Daeninckx offre un étonnant miroir de la Corse de 1931 à 2013
Là, le roman regorge d'informations. Très simplement, Melvin reçoit le faire part d'obsèques d'une fille qu'il a aimé il y a une poignée d'années sur le sable fin de Propriano. Mu par la curiosité, ce demi-sel, du Xe arrondissement parisien, se rend en Corse, manque de se prendre une balle pendant l'enterrement et comprend qu'il y a quelque chose de pas clair dans le suicide de son ancien amour. Daeninckx balance alors le résultat des recherches de Melvin, notamment sur la période 1931. Epoque des bandits d'honneur, Bartoli, Caviglioli et Spada qui rackettaient ni plus ni moins, les établissements touristiques de leurs micro régions respectives. Après un énième drame, cette fois à Guagno les Bains, Laval, ministre de l'Intérieur, président du Conseil, envoie les forces armées passer le maquis au peigne fin...
L'auteur n'est pas sot et renvoie cette histoire à l'actualité brûlante de la Corse, aux rodomontades du ministre Valls. Dans le style " déjà il y a 80 ans..." Surtout que Têtes de Maures est rythmé par une fausse revue de presse de Corse-Matin où presque quotidiennement, en 2012, un assassinat serait perpétré. Daeninckx ose le parallèle, le saut dans le temps. Et ça fonctionne. La malédiction qui frappe le clan des Dalersa semble finalement celui de cette île, portant un héritage pesant, fait de secrets, de sang, de trahisons aussi.
Didier Daeninckx aime visiblement cette région, il la connaît assez bien et la traite, en littérature, avec une belle justesse, n'omettant pas ce qui la fracture tout en sublimant ses meilleurs aspects. Ne serait-ce l'intrigue un peu basique,Têtes de Maures livre sa part de vérité sur la violence qui est en chacun, la violence inconsciente parfois, la violence qui jalonne, finalement, quasiment toute société occidentale. A fortiori latine.
Têtes de Maures, édition L'Archipel, 208 pages, 17, 95 euros.
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