mardi 13 novembre 2012

Révolution dans le jeu vidéo: Alt Minds inaugure l'ère du transmédia

Révolution dans le jeu vidéo: Alt Minds inaugure l'ère du transmédia

 Par Raphaële Karayan - publié le 12/11/2012 à 18:56

Coproduction des français Lexis Numérique et Orange, Alt-Minds mêle enquête interactive en temps réel et websérie, sur internet et mobile. Un projet très ambitieux qui exploite à fonds les nouveaux médias et inaugure aussi un nouveau modèle économique.

Lexis Numérique/Orange
Fans de jeux d'aventures et d'enquêtes paranormales, ne ratez pas cet événement. C'est aujourd'hui que sort Alt-Minds, le nouveau projet du français Eric Viennot, co-fondateur de Lexis Numérique et pionnier des "ARG" (advanced reality games), qui avait révolutionné le jeu vidéo il y a dix ans avec In Memoriam. Un jeu qui repoussait à l'époque les limites de l'immersion en mêlant réalité et fiction. Alt-Minds, coproduction à 50-50 de Lexis Numérique et Orange, est présenté comme une "fiction totale" et multi-écrans. Un thriller interactif et transmédia, qui se joue en temps réel sur PC, tablette et smartphone. Et qui promet de tenir en haleine une large communauté de joueurs de tous horizons, attirés par une expérience originale.

Le projet transmédia le plus abouti
 "Alt-Minds préfigure ce que seront les séries TV d'ici 5 à 10 ans", déclare Eric Viennot, qui se définit lui-même comme un architecte narratif. "L'extension des séries vers l'interactivité est inévitable pour répondre aux nouveaux usages : passer d'un écran à un autre, pouvoir dialoguer avec des personnages ou intervenir dans l'histoire deviendront des pratiques courantes."
Alt-Minds n'est pas un jeu d'investigation comme les autres, car ce n'est pas seulement un jeu. C'est une enquête interactive en temps réel et à la carte, qui peut aussi se vivre comme une websérie en huit épisodes. La diffusion se fera sur huit semaines, mais les joueurs tout comme les simples spectateurs pourront vivre l'aventure en différé, afin de laisser chacun suivre à son propre rythme et choisir son implication, quelque soient ses contraintes d'emploi du temps. Sans ça, moins de joueurs auraient pu tenir la distance, et il s'agit quand même d'amortir une production de plusieurs millions d'euros. La première semaine est gratuite, ensuite chaque épisode hebdomadaire coûte 2,99 euros. Il est possible d'acheter le jeu complet pour 15 euros.
 
Liberté et immersion maximum
 Tout a été pensé pour laisser un maximum de liberté aux internautes. Ceux qui voudront vivre le jeu à fond pourront résoudre les énigmes quotidiennes qui seront proposées en fin de journée, et auront jusqu'au lendemain matin pour trouver la solution. Mais il est possible de démarrer le jeu à n'importe quel moment en visionnant les résumés. Ceux qui auront raté la première diffusion du jeu pourront raccrocher à la rediffusion programmée au mois de janvier.
Côté plateformes, la liberté est également de mise. Le coeur de l'histoire se passe sur le site du jeu, et les énigmes se résolvent sur tablette ou sur PC grâce aux informations glanées à la fois sur ce site et ailleurs sur internet (emails, Google, sites ad hoc, sites partenaires tels que Dailymotion, Deezer, Melty, Le Monde, Wired). Le mobile vient en complément, à travers des quêtes annexes utilisant la géolocalisation et des SMS. Les réseaux sociaux sont également mis à contribution, via des jeux additionnels sur Facebook.

Le renouveau du jeu d'aventure
 L'histoire plonge le joueur et le spectateur dans une enquête policière. Cinq jeunes chercheurs de l'université de Belgrade ont disparu. Voyant les investigations piétiner, la fondation qui subventionne les chercheurs décide de prendre lancer sa propre enquête parallèle, en mettant à contribution la communauté des internautes, qui jouent donc leur propre rôle. Les pistes conduiront les apprentis Sherlock Holmes aux frontières du paranormal. Le scénario aborde le thème du post-humanisme, et l'explore d'ailleurs par le biais d'un webdoc de 10 épisodes, complémentaire au jeu.
Révolution dans le jeu vidéo: Alt Minds inaugure l'ère du transmédia
Une partie des protagonistes d'Alt-Minds
Lexis Numérique/Orange

Le coeur de cible d'Alt-Minds, ce sont les 20-35 ans, adeptes des jeux d'aventure à l'ancienne. "Alt-Minds est un nouveau type de jeu d'aventure, un genre en déclin dont la renaissance pourrait venir d'internet", estime Eric Viennot. Les joueurs qui avaient accroché à In Memoriam en 2003 - 500 000 exemplaires vendus, un des seuls ARG rentables -, et à sa suite en 2006, devraient être les premiers conquis. Si le projet ratisse large au-delà de sa cible traditionnelle, il n'en oublie pas pour autant ceux pour qui le jeu, c'est la compétition. Un système de classement et de récompenses (lots distribués par Orange, mention d'un joueur dans les vidéos quotidiennes...) sera là pour motiver les plus assidus. Quelques chanceux auront même le loisir de rencontrer un personnage du jeu, voire de jouer un rôle dans une suite.

  
Un projet stratégique pour Lexis et Orange
 En tout, Alt-Minds représente environ 50 heures de jeu, dont 5 heures de séquences filmées (c'est la partie websérie), tournées avec des acteurs professionnels dans six pays européens. Le projet a nécessité quatre ans de conception et de production, pour une équipe de plus de 100 personnes. Il est lancé simultanément en quatre langues dans plusieurs pays européens, et en 2013 aux Etats-Unis, au Brésil et au Mexique.
Orange et Lexis Numérique se refusent à préciser le budget du jeu, comme ses objectifs commerciaux. "C'est un projet stratégique pour Lexis, qui va au-delà de l'argent, explique le directeur général José Sanchis. Créer un jeu comme cela nous donne une longueur d'avance et une position de numéro un." Orange, qui a notamment développé des outils techniques pour le jeu (SMS, analyse d'image, géolocalisation...), est un peu sur la même ligne. "C'est plus qu'une expérimentation pour nous. On y croit et on espère pouvoir rentrer dans nos frais, mais c'est aussi une démonstration de force et de notre capacité d'innovation", indique un chef de projet, qui précise qu'Orange n'utilisera pas les données commercialement les données personnelles des joueurs pour ses activités télécoms.
Les premiers retours semblent prometteurs, puisque Eric Viennot a indiqué que le jeu avait enregistré ce lundi "de gros pics de connexion", entraînant temporairement la saturation du serveur. Un second devait être mis en place dans la journée afin d'accueillir le flux de joueurs. Le deuxième chapitre du jeu commencera le 1er décembre et l'enquête se déroulera jusqu'au 18 janvier.

   (http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/revolution-dans-le-jeu-video-alt-minds-inaugure-l-ere-du-transmedia_360032.html?p=2) 
 

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