samedi 8 décembre 2012

« La vision aveugle »



« La vision aveugle »

une curiosité qui montre
les propriétés inconnues du cerveau.
François  Clarac
27 Octobre 2011.

 La vision est assurée normalement par les rétines de chacun de
nos   yeux. Elles captent le champ visuel disposé devant nous
avec un champ à gauche et un autre à droite. Cette fine couche
est composée de deux types de cellules visuelles : les cônes
situés au centre, là où nous focalisons automatiquement notre
regard, on parle de fovéa, assurent la vision en plein jour et
permettent  de  voir  le  monde  en  couleur.  Au  nombre  de  trois
types, ces cônes nécessitent une forte intensité pour être mis
en jeu, bleus, verts et rouges ( avec un spectre d’absorption
de  437,  533  et  584  nanomètres),  ils  assurent  «  la  vision
photopique  »  (vision  en  plein  jour).  Les  autres  récepteurs
sont  situés  sur  les  pourtours  de  la  rétine,  ils  ne  sont
sensibles  qu’à  une  lumière  faible  et  enregistrent  les  fines
variations d’intensité lumineuse. Ils fonctionnent la nuit, à
l’aurore  et  au  crépuscule  indiquant  les  évolutions  de
brillance.  Ils  assurent  «  la  vision  scotopique  »  qui  sans
couleur nous permet de nous déplacer même en condition de très
faible lumière.

Le chemin qui conduit l’information visuelle de la rétine au
cerveau  commence  par  croiser  au  niveau  du  chiasma  optique.
Cette  voie  comprend  une  chaîne  de  trois  neurones.  Avant
d’aller  au  cerveau  elle  passe   par  les  corps  genouillés
externes. De là elles remontent jusqu’au cortex occipital pour
former  les  aires  visuelles  primaires  où  la  vision  devient
consciente.  Le  champ  visuel  droit  est  vu  par  le  cerveau
occipital  gauche.  Le  champ  visuel  gauche  par  le  cerveau
occipital droit. Le relief vient de la différence d’angle de
vision entre l’œil droit et l’œil gauche.

Il arrive mais heureusement cela est très rare, qu’un sujet à
la  suite  d’un  accident  vasculaire  cérébral  (AVC)  n’ait  plus
d’un  côté,  par  exemple  du  coté  droit,  une  aire  visuelle
primaire  active.  Les  cellules  corticales  de  ce cote  là  sont
mortes, le patient est à moitié aveugle ! Si on le met en face
d’un  écran  en  lui  demandant  de  fixer  un  point  central  pour
dissocier sa vision à droite et à gauche, il ne verra pas ce
qui  lui  sera  présenté  à  gauche.  Un  objet  présenté  à  droite
sera tout de suite identifié. Tout ce qui apparaîtra à gauche,
le  malade  dira  qu’il  n’a  rien  «  vu  »….Pourtant,  si  on
insiste…en lui disant qu’il y a quelque chose de ce coté là…il
hésitera…  et  finira  par  dire  qu’il  a  bien  reconnu  quelque
chose…C’est la vision aveugle !  Si on continue à solliciter
le  patient  lésé  en  lui  montrant  de  son coté aveugle de très nombreux documents…et en répétant souvent l’expérience… il  va
apprendre à savoir qu’il y a quelque chose de ce coté et va
savoir repérer convenablement ce qui peut s’y trouver…Ce coté
«  aveugle  »  reprend  vie! En  continuant  régulièrement,  il  y
même une amélioration significative.

Ces  résultats  suggèrent  qu’il  existe  un  chemin  visuel  qui
contourne l’aire V1 et peut prendre en charge l’orientation et
la  couleur  en  l’absence  de  conscience.  Les  individus  dotés
d'une «vision aveugle », due à une lésion cérébrale, déduisent
correctement les caractéristiques visuelles d'objets qu'ils ne
peuvent  pas  voir  consciemment.  Cette  «  vision  intuitive  »
arrive  même  parfois  à  être  plus  performante  que  la  vision
normale !

  (http://academie.sla.mars.free.fr/CHRONIQUES/VISIONAVEUGLE.pdf)

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