Les grands américains de Philippe Labro
François Busnel a lu Mon Amérique. 50 portraits de légende, de Philippe Labro.
Pour comprendre un pays, il faut connaître ses légendes. Voilà qui vaut tout particulièrement pour les Etats-Unis d'Amérique, ce pays si neuf et déjà si vieux où règne depuis toujours l'axiome popularisé par John Ford : "Si la légende est plus belle que la réalité, ici, on imprime la légende." Philippe Labro découvrit l'Amérique à 16 ans. Il n'a cessé d'y séjourner, d'y retourner, d'y travailler, sondant l'âme d'une nation à travers ses soubresauts politiques et culturels. Dans un livre parfaitement subjectif et superbement illustré, il raconte ceux qui firent ce pays. Car tout est là : un pays n'existe qu'à travers ses génies. C'est à leur degré d'audace, de créativité, de rébellion que l'on mesure la grandeur d'une nation.
Philippe Labro a choisi 50 Américains. Autant qu'il y a d'étoiles sur le drapeau. Leur point commun ? Ce sont tous des mavericks, c'est-à-dire des rebelles. Loin de toute forme d'exotisme, se méfiant de l'hagiographie facile, Philippe Labro retrace des parcours. Il n'a pas son pareil pour croquer un portrait en trois ou quatre pages, et cet art du bref, appris dans les colonnes de la presse américaine, culmine dans les portraits de Rosa Parks, d'Edward Hopper, de Richard Avedon ou d'Amelia Earhart. Il y a peu de femmes dans le livre de Labro, mais quelles femmes ! Amelia Earhart, justement. Aujourd'hui oubliée, elle fut une icône dans les années 1930. La première à traverser les Etats-Unis en autogire, puis la première femme à franchir l'Atlantique en solitaire. Elle meurt lors d'une nouvelle expédition, à l'approche de ses 40 ans, en 1937. Que symbolise-t-elle, sinon le destin brisé, le rêve d'Icare foudroyé ? C'est ça, l'Amérique de Labro : Icare et Prométhée, réincarnés mais toujours en chute libre et dévorés par un aigle, sur des terres nommées Montana, Colorado, Caroline ou Mississippi. Le chapitre sur Hopper est lumineux, comme celui consacré à "Satchmo". A travers ces destins, Labro rappelle que, si la poursuite du bonheur figure dans la Constitution même des Etats-Unis, la règle de vie de ce pays se résume ainsi : "Grace under pressure" (la grâce sous la pression). Bob Dylan(évidemment présent dans ce magnifique ouvrage) disait : "Il y a de nombreuses manières d'écrire une histoire. Le sensationnalisme n'en est pas une." Philippe Labro applique à la lettre la maxime du poète.
(http://www.lexpress.fr/culture/livre/les-grands-americains-de-philippe-labro_1197629.html)
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