Summly ou la tentation de l'info hyper-résumée
http://blog.lefigaro.fr/medias/2013/03/summly-ou-la-tentation-de-linf.html
L'histoire a fait les gros titres en début de semaine. Summly, une application mobile de news, développée par un britannique de 17 ans, a été rachetée par Yahoo! pour quelque 30 millions de dollars. Bien sûr, cette acquisition a quelque chose d'un coup de pub et il y a aussi une face cachée derrière le conte de fées. Pourtant, cette opération est très intéressante en raison de ce qu'elle révèle de l'état actuel de l'information en ligne.
"Notre vision est de simplifier la façon dont nous obtenons l'information et nous sommes ravis de poursuivre cette mission à grande échelle avec Yahoo!", écrit ainsi Nick D'Aloisio, fondateur de Summly, sur le site de son entreprise. Sa vision de la "simplification" s'est traduite par la création de petits résumés d'articles, plus ou moins par l'extraction d'informations figurant dans la plupart des paragraphes premiers articles.
Le rachat de Summly par Yahoo semble confirmer le pari que beaucoup d'autres ont fait, en matière de résumés d'information. Quelques exemples :
Je partage la réflexion de ces services sur le besoin d'une distribution plus efficace, en terme de temps, de l'information. Les gens peuvent facilement s'en détourner s'ils se sentent débordés. Et la simplification de certains articles est très utile pour le consommateur d'info plus occasionel.
Cependant, je suis gêné par la motivation de ces services qui semblent miser surtout... sur le volume. Par exemple, Nick D'Aloisio, qui pense "le résumé continuera à nous aider à naviguer à travers un univers d'information en pleine expansion", est particulièrement fier de dire que "plus de 90 millions résumés [ont été] lus en seulement quelques mois" sur Summly.
Or, c'est précisément ce qui me dérangeait tant avec Summly : chaque fois que j'ouvrais l'application, un terrifiant "99 + summlys non lus" m'accueillerait. Résumer des infos inutiles pour que j'en lise le plus possible ne semble pas avoir de sens.
Ce qui m'amène à une autre question importante : le "pourquoi?". Pourquoi voulons-nous résumer l'info ? Est-ce parce que l'info n'est pas digne de notre temps et de notre attention (un peu ce que Summly suggéré) ? Ou parce que nous voulons créer de la place pour les choses qui valent notre peine et notre temps (ce que je souhaite atteindre) ?
Il y a ainsi un danger inhérent, dans cette tendance à trop simplifier et hyper-résumer, de dévaloriser l'information et de répandre le sentiment que l'information n'est pas un bien assez précieux pour qu'on s'y attarde.
Gare, donc, à la tentation de l'hyper-résumé.
"Notre vision est de simplifier la façon dont nous obtenons l'information et nous sommes ravis de poursuivre cette mission à grande échelle avec Yahoo!", écrit ainsi Nick D'Aloisio, fondateur de Summly, sur le site de son entreprise. Sa vision de la "simplification" s'est traduite par la création de petits résumés d'articles, plus ou moins par l'extraction d'informations figurant dans la plupart des paragraphes premiers articles.
Le rachat de Summly par Yahoo semble confirmer le pari que beaucoup d'autres ont fait, en matière de résumés d'information. Quelques exemples :
- l'application mobile Circa fait un très bon travail avec sa rédaction pour découper des infos en plus petits points de données, appelés "unités atomiques de nouvelles"
- la lettre d'information TheSkimm promet de "simplifier les grands titres pour la femme active instruite qui en sait assez pour savoir qu'elle a besoin de plus". Là aussi, une équipe fait le tour des autres sites pour produire une nouvelle version, réduite (et pas forcément de meilleure facture que la presse pro, m'enfin...)
- dans un champ sémantique similaire, SkimThat mise sur la communauté pour faire le travail de synthèse et pousse vraiment à la simplification de ses limites ...
- c'est aussi le cas de tldr.io site qui promet de résumer des pages Web avec l'aide de ses utilisateurs
- à côté, les "10 choses que vous devez savoir aujourd'hui" de TheWeek semblent un produit hautement journalistique avec ses dix sujets d'actus résumés en cinq lignes, flanqués d'un lien si vous voulez lire la suite.
Je partage la réflexion de ces services sur le besoin d'une distribution plus efficace, en terme de temps, de l'information. Les gens peuvent facilement s'en détourner s'ils se sentent débordés. Et la simplification de certains articles est très utile pour le consommateur d'info plus occasionel.
Cependant, je suis gêné par la motivation de ces services qui semblent miser surtout... sur le volume. Par exemple, Nick D'Aloisio, qui pense "le résumé continuera à nous aider à naviguer à travers un univers d'information en pleine expansion", est particulièrement fier de dire que "plus de 90 millions résumés [ont été] lus en seulement quelques mois" sur Summly.
Or, c'est précisément ce qui me dérangeait tant avec Summly : chaque fois que j'ouvrais l'application, un terrifiant "99 + summlys non lus" m'accueillerait. Résumer des infos inutiles pour que j'en lise le plus possible ne semble pas avoir de sens.
Ce qui m'amène à une autre question importante : le "pourquoi?". Pourquoi voulons-nous résumer l'info ? Est-ce parce que l'info n'est pas digne de notre temps et de notre attention (un peu ce que Summly suggéré) ? Ou parce que nous voulons créer de la place pour les choses qui valent notre peine et notre temps (ce que je souhaite atteindre) ?
Il y a ainsi un danger inhérent, dans cette tendance à trop simplifier et hyper-résumer, de dévaloriser l'information et de répandre le sentiment que l'information n'est pas un bien assez précieux pour qu'on s'y attarde.
Gare, donc, à la tentation de l'hyper-résumé.
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