vendredi 28 octobre 2011

Soundpainting : 800 signes pour composer et orchestrer en direct

Soundpainting : 800 signes pour composer et orchestrer en direct

8/8 - Une répétition du TSO (Thomas Dusseau)

Gabriel Kenedi
Journaliste

Le soundpainting est un langage scénique qui contient près de 800 signes. Inventé à la fin des années 70 par Walter Thompson, un saxophoniste américain, il se développe en France depuis une dizaine d'années. Rencontre avec le Tours Soundpainting Orchestra (TSO), un collectif d'artistes pluridisciplinaire.

Prenez une chef d'orchestre, des instrumentistes, des chanteurs, des comédiens, des danseurs, une costumière, et vous obtenez le TSO. Angélique Cormier a créé cette formation en 2005. Pianiste, chanteuse et prof de musique, un stage de trois heures a suffi à la convaincre :

« J'ai été saisie ! C'était vraiment le point de rencontre de tout ce que je brassais ! Le soundpainting abat toutes les limites. Le code inventé par Walter Thompson peut être appris par tout le monde. Il est universel. »

« Une matière incandescente qui change tout le temps »

Ce code est un langage très spécial. Il est composé uniquement de signes, on ne le parle donc pas. Les mains seules suffisent à donner de nombreuses informations, comme l'explique Angélique :

« Les signes que je transmets sont assez simples. Pour la plupart, ils servent à diriger : Qui ? Quoi ? Quand ? Comment ? En fonction du signe que je fais, chacun sait à quoi s'en tenir.

Je conçois mon métier de chef d'orchestre comme un moyen de donner des cadres, des couleurs. Le soundpainter peut composer, donner les départs d'impro, faire des phrases, les modeler. Cela laisse à l'artiste un espace d'expression. Mais parfois je donne des directives très précises : une note, un ton... »

Chaque année, les soundpainters du monde entier se réunissent pour définir, homologuer de nouveaux signes. Car c'est une langue vivante qui s'enrichit au fil des ans. Aujourd'hui, ils se posent la question d'institutionnaliser leur art. Créer une école de soundpainting n'est pas à l'ordre du jour, mais ils ont déjà évoqué le sujet.

Le soundpainting invite donc à la création, à l'improvisation, tout en étant dirigé. Les musiciens apprécient cette idée. David, le guitariste aux cheveux blonds du TSO, perçoit cet art comme :

« Une matière incandescente qui change tout le temps. J'ai un autre groupe avec lequel tout est écrit à l'avance. Là, rien n'est écrit. On a du coup une écoute particulière dans le jeu sur scène. En fait, il s'agit une succession de moments éphémères, uniques. »

Domi, batteur du TSO, était un peu sceptique au départ, mais il s'est épanoui à travers cette pratique. (Ecouter le son)

DAVID, LE GUITARISTE DU TSO

« J'imagine le soundpainting comme des scènes de films »

Angélique Cormier s'est formée quelques semaines auprès de Walter Thompson, aux Etats-Unis. Dès son retour, elle est bien décidée à mettre en pratique son savoir-faire. Très vite, un groupe se forme. Performances dans la rue, projets de ciné-concerts, le TSO se montre rapidement actif.

Le collectif prend une nouvelle ampleur lorsqu'Angélique décide de se consacrer uniquement à son métier de chef d'orchestre et de formateur.

De là est né le projet « Meet Myth », un spectacle pluridisciplinaire d'une heure et demi. Les personnages vont à la rencontre de leur mythe intérieur. D'apparence humaine au début, les artistes se transforment tous peu à peu et revisitent à leur manière le mythe grec.

Angélique est très attachée au mix des disciplines :

« La poésie qui naît de ce mélange est unique. Je suis très cinéphile, donc j'imagine le soundpainting comme des scènes de films, avec différents plans. C'est une sorte de cinéma en direct. »


Le TSO joue « Meet Myth » (G.Boulbe)

Elle demande à ses artistes de ne pas se limiter à leur discipline mais de tout répéter : la musique, le théâtre, la danse. Maud, comédienne et membre du TSO depuis le début s'enthousiasme :

« Ça ouvre ! On est tous au service d'Angélique. On peint tous la toile au même moment. Le soundpainting amène des instants très courts d'improvisation. C'est donc assez proche du coup de pinceau. »

En France, une dizaine de soundpainters

C'est l'idée originelle de cet art : peindre une toile imaginaire sur laquelle chacun peut s'exprimer. Visuellement, le résultat est impressionnant. Ils sont actuellement une dizaine de chefs d'orchestre en France à utiliser ce langage pour en faire des spectacles d'un genre nouveau. (Voir un extrait de « Meet Myth » par le TSO, Centre chorégraphique national de Tours, en juin 2010, Philippe Lucheese)

Photos : répétition du TSO (Thomas Dusseau) ; le TSO joue « Meet Myth » (G.Boulbe).

Meet Myth du Tours Soundpainting Orchestra (TSO) - à Pontault-Combault
- le 11 juin 2011 - Rens. : 06 66 27 00 00 ou par e-mail.

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